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Exposition "Influences Anthropocènes"

Hôtel Alfred Sommier, 20 Rue de l'Arcade, Paris, France

Saturday 23 April 2022
Sunday 22 May 2022

Le propos de cette exposition est de montrer comment la force et l’exigence de l’art, comme messager et médiateur de l’humanité, se réaccorde avec les valeurs essentielles autour desquelles s’est construit le monde : l’idéal du beau et les fondations de la mémoire, aux prises avec les instincts de vie. 

L’artiste est le visionnaire qui participe à la naissance des civilisations et les accompagne. La place grandissante qu’occupe aujourd’hui l’art anthropocène devient incontournable au vu de notre fort impact sur notre environnement. En cela, la nature trouve en l’artiste un grand allié et l’artiste, en la nature, une partenaire de création. 

L’émergence de « l’anthropocène » dans le monde scientifique acquiert désormais une légitimité sur la scène artistique. Si, dans les années 70, Joseph Beuys faisait office de précurseur avec ses performances engagées, Franz Krajcberg appelait l’attention du monde sur l’holocauste des forêts d’Amazonie, parties en fumée, dont il érigeait les corps noircis en sculptures. Il existe aujourd’hui de nombreux créateurs dont l’expression est nourrie d’une pensée écologique. Une expression souvent investie dans des procédés matériels de réalisation et parfois engagée dans une démarche plus contemplative, réactivant notre mémoire collective par la mise en valeur des éléments naturels de l’humain, du mythe et du sacré. 

C’est à cette deuxième catégorie qu’appartiennent les artistes de l’Ermitage exposés au sein de l’hôtel Alfred Sommier. Chacun par son parcours tisse des liens avec son environnement et son intériorité, nous offrant par son regard ce que nous ne voyons plus. La pensée de l’Ermitage est ainsi une pensée auratique invoquant le retour à la mémoire et à la conscience de notre être au monde. 

Esther Ségal, commissaire d’exposition

L’art anthropocène ? Appellation paradoxale ! 

L’anthropocène est en effet, au sens propre, une nouvelle époque géologique (comme le Miocène ou le Pliocène) caractérisée par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur terre. Cette époque qui remonte à l’apparition de notre ancêtre commun, l’homo sapiens (200 000 ans avant le temps présent) a pris tout son sens depuis la Révolution industrielle du 19ème siècle. Dès lors, un désordre planétaire ne cesse de croître sous la menace nucléaire, avec la montée des eaux aussi bien que la disparition des espèces naturelles et celle, programmée, de l’homme lui-même. 

Le temps des dix plaies d’Egypte serait-il revenu ? 

L’art anthropocène prend le contre-pied de cette évolution suicidaire des hommes qui détruisent la nature à force d’exploitation éhontée. Il mobilise les forces vives de la création artistique pour dénoncer l’absurdité de cette conduite et exalter la beauté de la nature : avec elle, en elle, pour elle. Ambition peut être prétentieuse au regard des puissances de productiondestruction matérielles, mais décisive pour la mobilisation des forces de l’esprit. 

Des artistes, engagés dans cette voie difficile mais nécessaire, ouvrent un chemin dont les visées et les formes sont multiples. Mais pour des enjeux semblables et convergents. Le site des Vallons, à Garches, participe activement à la mobilisation de leurs imaginaires. S’il leur permet de mettre en scène leurs œuvres, le temps d’un projet, il n’est que l’une de leurs multiples expériences sur toute la planète, dans une vision universelle, appelée par antinomie, « l’art anthropocène ». 

« A travers photographies, peintures, dessins, empreintes, impressions… nous, artistes de l’anthropocène, apportons nos témoignages au service d’une nature force d’inspiration, exigence de respect, source de mythes, réserve de secret, voire de sacré, pour éclairer le regard des humains, victimes d’une menace d’aveuglement général et crépusculaire. »

Influx, influences, abordages ténus, cordages bien tenus. Cultiver l’influence. Attendre l’affluence. …Exemples en soient donnés !

Claude Mollard (Prix 2014), par la photographie, révèle l’infinie richesse des formes et couleurs des dessins et structures de la nature, tout en y lisant l’universalité des visages humains qu’il appelle Origènes, les êtres des origines. Il fonde ainsi notre proximité avec la nature dont l’homme est originaire. Le visage comme identité mais aussi parfois comme apparence planétaire. Les Origènes guident de plus en plus des contes ou épopées, images et écrits mêlés, pour sonner l’alarme avec humour face à notre ingratitude, pleine de prétention et d’insouciance, pouvant conduire au meurtre de notre terre-mère. Le visage se dresse et s’y oppose. 

Esther Segal (Prix 2017), comme Claude Mollard, s’inspire des formes naturelles de l’Ermitage ou d’ailleurs. Ses photographies transforment la relation entre feuillage et eaux, ciels ou miroirs, en des mariages abstraits-concrets, hymnes à la beauté créative des espèces naturelles transformées en éther de l’espace. Des vues plongeantes complétées par des marquages sur papier qui, obstinément répétés, respectent l’image en se l’appropriant par des signes d’alphabet braille. Regarder n’est-ce pas apprendre à lire pour sortir de l’aveuglement ? 

Dongni Hou (Prix 2018) met en scène la prière et la souffrance. Scènes ultimes d’une fin du monde ? Prière impuissante de la jeune fille aux cheveux pieuvre, comme débordée, sans être menacée, par une lionne immense…Symbole d’un monde à venir où seuls subsisteraient des animaux sauvages ? Planète des singes ou planète des lions ? A moins que ne subsiste sur la Terre à venir que nos rêves d’un règne animal définitivement enterré ? Nettoyé ? Liquidé ? Seule subsisterait la solitude de la femme qui pleure d’être privée de rêves ? Voir c’est rêver quand on ne peut plus regarder. 

Valérie Honnart (Prix 2019) commence par peindre un fond artificiel et naturel, en teignant sa toile de soie marouflée, avec du thé rouge qui lui apporte ses couleurs. Sur ces véritables continents cernés de mers, elle dessine et peint, tout à la fois, à l’encre de Chine : des scènes réunissant humains et arbres, en arrêts sur images, dans des ambiances de délitement, de tendresse, de solidarité, face à la chute angoissante d’un monde qui ne sait d’où vient la menace imminente. Le rocher roule ou s’écroule. L’arbre penche, on s’y accroche, il tient encore. Sisyphe n’est pas loin. Regarder c’est éviter le choc. 

David Daoud (Prix 2020) marche sur la scène de crépuscules étranges, sombres et pourtant colorés. Tout autour, rodent des ombres humaines parmi paysages mélancoliques, villages déserts où les routes ne conduisent nulle part. Mais peut-être partout ? Où est passé l’horizon ? Des êtres se cherchent, peuvent-ils se trouver ? Se retrouver ? Les nuages plombent l’atmosphère. La rencontre sera muette. Seule restera la vision suspendue dans l’espace et le temps. 

Avec Jérôme Delépine (Prix 2021), le crépuscule semble noyer l’arbre lointain et la colombe qui passe, comme un espoir fragile, dans des nuages de vapeurs blanches impuissantes à lutter contre les avancées de l’obscurité. Un corps se tord sous l’effet de l’éclair, l’oiseau ne sait où s’envoler. Seul le halo de la lune donne encore quelque sens à la terre disparaissant dans une nuit épaisse. Regarder n’est-ce pas voir au-delà du visible ? 

Misha Sydorenko (Nominé 2022) appelle à lui l’allégorie de l’Automne, comme pour la supplier de ne pas nous soumettre à l’épreuve de l’Hiver, signant l’arrêt de mort de la nature. Anthropocène hiver ou printemps à venir ? Réponse donnée par Artémis, déesse grecque porteuse de lumière - sans être « lucifer » - identifiée à la lune, qui luit sous les nuages. De son arc redoutable, elle poursuit les animaux sauvages, punit ses ennemis, nous rappelant que tel sera le châtiment des humains coupables d’irrespect envers la lumière solaire, souveraine de notre planète Terre. Regarder c’est baisser le front devant le soleil. 

Christiana Visentin (Nominée 2022) a choisi le taureau comme firent les premiers artistes sapiens en peignant les aurochs de Lascaux, ou les artistes crétois en sculptant le Minotaure. Peinture à double sens : veut-elle mettre en scène la mort du taureau éventré (comme le bison de Lascaux) piétinant comme une bête sans vergogne les fruits et légumes salutaires de notre terre nourricière ? Image du mal anthropocène ? Ou annonce-t-elle la mort programmée de notre ancêtre animalier, principe de puissance et de vie ? Voir c’est choisir, ou refuser de le faire, entre chair animale et chairs végétales. 


Césarienne Divine, Huile sur toile de lin à la feuille d'or

Constance Fulda (Nominé 2022) se verrait bien, comme Baucis, transformée en arbre : elle recueille les empreintes de leurs troncs, jusqu’à leur faîte, pour mieux les saisir en leur totalité. Comme faisait Frans Krajcberg, premier artiste anthropocène du XXème siècle. L’écorce, peau de vie des arbres, expression favorite. Sous son abri, se cachent les mystères humectés de leurs sèves multiples. Quand elle saisit le pinceau et la colle, c’est pour peindre comme font les écorces elles-mêmes. Et elle puise à la source les pigments lui permettant de tracer la vie, comme Giuseppe Penone, pour peindre naturellement la nature avec la nature. 

Voir c’est deviner les secrets de vie derrière l’écorce. 

Autant d’œuvres réunies dans ce qui pourrait être une Arche de Noé pour protéger espèce humaine et espèces animales. Comment sauver l’humanité victime de ses excès, grosse d’instruments de production et de guerre qu’elle ne maîtrise plus ? 

Les artistes de l’Ermitage répondent avec nostalgie (David Daoud, Jérôme Delepine), retournement des apparences (Claude Mollard, Christiana Visentin), émerveillement (Esther Ségal), tendresse (Valérie Honnart), capture du réel (Constance Fulda), mémorisation symbolique (Dougni Hou, Misha Sydorenko).

Des attitudes apparemment différentes. Mais au défi des apparences, à la quête de l’essentiel. Tous partagent un art de voir autrement en pensant Nature, en direct ou différé, avec matériaux ou symboles, pour mieux donner à voir au-delà du visible. 

Tous éprouvent le même sentiment de colère, de tristesse aussi parfois, mais toujours dans une double ou triple vision de choses apparemment inanimées qu’ils ressuscitent de leurs regards. Ils puisent, dans ce même mouvement, la force de faire appel à la vigilance des hommes, face à la menace qui plane sur leurs têtes. Leur art peut aider à cette prise de conscience, dans une soif éperdue du Naturalisme intégral que Pierre Restany et Frans Krajcberg ont ainsi désigné dans leur Manifeste du Rio Negro en 1978. Pour en faire comme un absolu, qui est un idéal. Ils sont artistes, et le temps des demi-mesures n’est pas le leur. 

Claude Mollard, fondateur de l’Espace Krajcberg


Après 9 ans d’expositions ininterrompues à Garches, et en dépit de la pandémie, j’ai voulu exposer à Paris les lauréats du Prix de l’Ermitage pour leur donner une visibilité accrue. Richard de Warren a exaucé ce souhait et je l’en remercie de tout cœur. 

Ma volonté est de promouvoir une créativité inspirée par les qualités illimitées de la nature : beauté, résilience, mystère, surprise, universalité, alors même qu’elle n’a jamais été autant menacée, et nous avec elle.
En lien étroit avec les artistes qui m’accompagnent, je conçois et organise quatre expositions par an, qui sont aussi l’occasion de conférences et d’interludes musicaux, dans la tradition de la délectation et de l’esprit critique qui ont inspiré les salons. En mars 2022, la 30 ème exposition est consacrée à l’astrophysicien, graveur et pianiste Jean Pierre Luminet. Cette exposition d’envergure succède, entre autres initiatives, à l’anamorphose végétale pérenne de François Abelanet, réalisée en 2017 avec l’aide de Robert Sursock. Mais aussi à l’installation des sculptures de l’artiste grecque Vana Xenou, en 2018, avec le soutien d’Alexandros Panayotopoulos. Et combien d’autres réalisations…
Sept ans après un partenariat exemplaire avec le magazine Beaux-Arts, l’Ermitage dispose désormais de son propre magazine.
Son prix annuel d’art contemporain est soutenu par la Mairie de Garches, le département des Hauts de Seine et la région Ile de France. En novembre 2022, sa neuvième édition sera délivrée dans un musée du département des Hauts de Seine, les précédentes éditions ayant été délivrées à l’ESA de Beyrouth, à Art Paris, à la MEP, à Asia Now Paris et au Château de Sceaux. Elle organise aussi des donations : une œuvre de Claude Mollard issue de la série « Esprits des Vallons » a rejoint en 2015 la collection de l’ESA de Beyrouth ; « le paon » d’Olivier Masmonteil est au Musée d’Art Contemporain de Strasbourg, depuis 2015; deux toiles de David Daoud au musée de l’IMA en 2021; une peinture de Jérôme Delépine au Fonds Départemental d’Art Contemporain des Hauts de Seine en 2022.
Notre identité inspire le titre de la présente exposition-bilan, « Influences anthropocènes », car nous ne cessons de cultiver notre amour de la nature pour l’exalter, la défendre, la découvrir sans cesse, avec le précieux concours des multiples visions artistiques qui créent l’esprit de l’Ermitage dont je souhaite l’influence grandissante.

Alfred Sommier s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. 

Martine Boulart, présidente du Fonds culturel de l’Ermitage 

Entretien Christiana Visentin avec Martine Boulart

fondscultureldelermitage, Rue Athime Rué, Garches, France

Saturday 11 December 2021
Friday 11 March 2022

       

Vidéo Exposition "Renaissances" de Christiana Visentin du 11 Décembre 2021 au 11 Mars 2022

Fondation de l Ermitage

Saturday 11 December 2021
Friday 11 March 2022



Hommage à Federico Fellini avec l'Exposition "Renaissances"

fondscultureldelermitage, Rue Athime Rué, Garches, France

Saturday 11 December 2021
Friday 11 March 2022

http://m.parisetudiant.com/sortir-a-paris-evenement.php?ne=hommage-a-federico-fellini-au-fonds-culturel-de-l-ermitage-par-martine-boulart&fbclid=IwAR2A0PYTVDyu0fBwTPT_-vsu-LPjGDzSYYD1LQJc4vK3lQsRPXmecD4GdHA

Exposition "Renaissances" de Christiana Visentin

Fonds Culturel de L'Ermitage, 23 Rue Athime Rué , Garches, France

Saturday 11 December 2021
Friday 11 February 2022

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