19.7x15.8 in ~ Painting, Oil
Mozart a été mon tout premier amour d'enfance. Sa musique argent-vif était comme un liquide magique qui courait joyeusement dans mes veines. Mozart était le bleu-vert des grands eaux d'un autre monde, un monde que je sentais familier et dont j'avais la nostalgie. Mozart a été ma première conscience, mon maître spirituel et mon petit copain de jeux. La dentelle de sa manche tombait légèrement sur mon épaule pendant qu'à tâtons je cherchais ses notes sur le piano, Mozart, Wolfgang Amadeus a été ma première lecture tant j'ai voulu savoir qui avait-il été sur cette terre et le visage qu'il avait, les portraits qui avaient été faits n'étaient jamais exhaustifs, ne correspondaient jamais tout à fait les uns aux autres, en plus j'ai appris que son masque mortuaire fut accidentellement brisé par sa femme, et que le corps avait été perdu parmi les corps d'une fosse commune. A croire que rien ne devait subsister sur cette terre de cet être de lumière sinon sa musique. Cela me laissait un goût doux-amer dans l'âme, comme si à la fois ce devait être normal qu'il en soit ainsi et d'un autre côté c'était révoltant, révoltant pour moi qui avais prévu un vrai mariage dans ma chambre avec deux bagues Kinder Surprise, mes deux hamsters témoins, et que sans une représentation faciale définie de mon petit génie, il me devenait impossible de lui donner ma main, je devais derechef découvrir le vrai visage de Mozart avant les noces, surtout parce que je devais l'embrasser. L'histoire fût tellement longue qu'il il m'a fallu passer d'abord par les fiançailles afin de prendre le temps nécessaire d'étudier tous ses portraits et de pouvoir enfin tirer la conclusion d'une très petite taille, deux yeux globuleux, un front plat, une peau vérolée, des yeux vert-clair, des cheveux blond-châtain légèrement ondoyants , un gros nez, une bouche mutine, j'avais enfin de quoi réaliser mon buste (le premier de ma vie). Un "petit chef-d'œuvre " d'amour, dont j'étais fière et amoureuse, buste qui, peu après avoir été fini fût accidentellement brisé, cette fois par l'aspirateur que mon père passait… ce fut juste le temps de célébrer le mariage, l'embrasser sur la bouche et lui faire un portrait, le portrait le voici. (inutile de vous dire qu'en tant qu'épouse de Mozart j'ai du traîner ce nom incombant jusqu'à l'adolescence dont on peut encore trouver les traces sur la photo d'un Bellefaye annuaire du cinéma français
Added
Reproductions, Canvas prints, Metal Print